Histoire des éditions Olivétan

Introduction historique de Christian Bonnet, directeur d’éditions de 2014 à 2021, le 14 octobre 2023 à Lyon pour les 20 ans d'Olivtéan

Prologue

Je voudrais commencer cet historique des éditions Olivétan en m’inspirant de l’évangile de Jean : « Au commencement était la parole ». Plus précisément : au commencement était le journal régional Réveil. Ce journal qui concernait au départ les paroisses du seul département de l’Ardèche, est devenu avec la création de la grande région Centre-Alpes-Rhône, le journal d’information protestant pour tout ce nouvel ensemble.

 

J’ai eu la chance de faire un stage d’un an, vers la fin de mes études de théologie, avec André Lelièvre qui était pasteur de la paroisse Tournon et président du journal Réveil. Mon rapport de stage était une sorte d’enquête sur les forces et faiblesses de ce journal. Je me souviens qu’à cette époque, le journal avait encore 19.000 abonnés. Ce chiffre peut paraître élevé, mais en 1980, c’étaient encore les paroisses qui abonnaient la plupart des foyers connus et qui tentaient tant bien que mal de récupérer auprès de ces foyers le montant de leur abonnement. Or, l’écart se creusait de plus en plus entre le nombre d’abonnements servis et le nombre d’abonnements réellement payés, ce qui pesait lourdement sur les finances paroissiales et compromettait l’équilibre économique du journal  ‒ même si à l’époque il fonctionnait uniquement avec des bénévoles. Pour pallier cette érosion des abonnements payants, les responsables ont commencé à travailler sur des projets éditoriaux afin de compenser le manque à gagner lié au journal. La région avait la chance de compter parmi ses pasteurs ou ses historiens plusieurs personnes talentueuses qui pouvaient fournir une matière éditoriale de premier choix.

 

À cette époque, c’est le pasteur Marc Blanzat qui présidait aux destinées de Réveil publications. Réveil publications se donnait comme objectifs l’édification des membres des communautés chrétiennes et le soutien à la mission globale de l’Église en produisant les outils nécessaires : recueils de prédications, textes liturgiques, carnet de chants, partitions musicales, histoire du protestantisme régional.

 

Un premier carnet de chants a été préparé grâce à l’aide d’Alain Bergèse et de Claude Fraysse, tous les deux originaires de la paroisse de Romans. Ce carnet était encore très artisanal, en format A5, relié avec une simple couverture plastique et une pince métallique. Mais il a déjà rencontré un bon accueil avec 5 000 exemplaires vendus très rapidement. Fort de ce succès, Marc Blanzat et son équipe se sont attelés à la préparation d’un carnet de chants plus ambitieux, faisant entrer dans le répertoire des paroisses des chants plus récents, des chants issus du renouveau liturgique catholique, ou du mouvement charismatique.

Ce recueil de chants intitulé Arc-en-ciel est sorti pour la première fois en 1988. Le premier tirage à 30 000 exemplaires a été écoulé dès la première année. La cinquième et dernière édition du recueil Arc-en-ciel date de 1995 et, dans cet intervalle, 144 000 exemplaires ont été vendus. (Je vous promets que je n’invente pas ce chiffre pour imiter le livre de l’Apocalypse !)

Le succès de ce recueil de chants vendu dans toute la France a permis à Réveil publications de se constituer un joli capital qui a permis d’acheter le local qui est devenu son siège social au 20 rue Calliet à Lyon, dans le quartier de la Croix-Rousse.

 

En 1995, Henri Fischer est arrivé comme pasteur à Grenoble et on lui a confié la présidence de Réveil publication. En analysant les comptes de l’association, il a été conduit à prendre des mesures plus radicales pour maintenir l’équilibre financier du journal Réveil. Les foyers qui ne payaient pas leur abonnement au journal, après plusieurs relances, ont été retirés des listes de diffusion et l’association Réveil a investi dans un logiciel de gestion des abonnements pour pouvoir gérer elle-même la relation avec les abonnés et faire rentrer l’argent en début de période d’abonnement et non pas à terme échu. En l’espace d’un an, le nombre d’abonnements servis est passé de 12 000 à 6 000 !

C’est à ce moment-là que le journal a voulu se professionnaliser et deux chantiers ont été menés en parallèle :

  • le projet rédactionnel du journal a été entièrement repensé, grâce à l’expertise apportée par Bayard presse. On a créé un Comité de rédaction chargé d’élaborer le contenu du journal. Colette Bergèse était à cette époque la rédactrice en chef du journal.
  • deuxième chantier : on a imaginé des synergies possibles avec les deux autres journaux du Sud-Est : Le Cep et Échanges, sur le plan rédactionnel, sur la production et sur la gestion. La PRDS, presse réformée du Sud, a été créée à ce moment-là.

 

Sur le plan éditorial, l’objectif de Réveil publications était de répondre aux besoins des Églises locales avec des productions de qualité, susceptibles d’être diffusées au-delà des frontières de la région. L’édition d’un classeur contenant des fiches liturgiques a connu un grand succès. Moi-même, je continue à l’utiliser et à l’enrichir avec de nouveaux textes. Quand on a dans la région des talents comme Alphonse Maillot ou Antoine Nouis, c’est un atout certain ! Un catéchisme protestant d’Antoine Nouis a été vendu à 1 800 exemplaires en souscription, avant même sa sortie en librairie. Il continue à être réimprimé et à se diffuser aujourd’hui, de même que les textes liturgiques de la série La galette et la cruche. Je ne prends que ces exemples car je suis certain que ces titres vous parlent.

 

Toujours à l’époque de Réveil publications, un groupe de travail s’est mis en place, en partenariat avec la Fédération protestante de France et avec la Conférence des Églises de Suisse romande pour créer un nouveau carnet de chants. C’est Marc Blanzat qui est devenu secrétaire de ce groupe de travail. Il s’agissait de définir un corpus de chants communs entre la Suisse, la France et la Belgique. La plupart des chants nouveaux n’avaient pas d’accompagnement ou d’harmonisation. Il a donc fallu créer tout cela. Trois groupes travaillaient en parallèle : un groupe texte, un groupe musique et un groupe multilingue. Ces groupes composés de Suisses, de Français et de Belges se réunissaient deux fois par an pour cinq ou six jours de travail consécutifs. La préparation du recueil Alléluia, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a duré de 1993 à 2003, soit un peu plus de dix ans. Les frais liés à cette préparation ont été pris en charge la première année par la Fédération protestante, mais dès la deuxième année par Réveil publications.

Réveil

Réveil n°1

 

CA de Réveil avec André Lelièvre

CA de Réveil avec André Lelièvre

 

Marc Blanzat

Marc Blanzat

Claude Fraysse

Claude Fraysse

Henri Fischer

Henri Fischer

La création des éditions Olivétan

L’évolution de la sociologie religieuse, marquée par une baisse sensible des effectifs protestants, a fortement impacté le paysage éditorial qui prévalait dans le monde luthéro-réformé. Du côté réformé, la petite maison d’édition Les Bergers et les Mages avait une vocation nationale reconnue par l’Église réformée de France. Mais la librairie protestante du boulevard Saint Germain à Paris créée sous l’impulsion de la Commission générale d’évangélisation avait dû fermer ses portes. La Société des écoles du dimanche était elle aussi en difficulté et a dû cesser ses activités dans les années quatre-vingt-dix. Du côté luthérien, les éditions Oberlin avaient fait le choix d’ouvrir des librairies à Strasbourg, Mulhouse, Lille et Paris, mais cette stratégie ambitieuse n’a pas tenu longtemps. Aujourd’hui, l’activité éditoriale a cessé chez Oberlin et seule subsiste la librairie de Strasbourg… et encore dans un local qui n’est pas aussi spacieux que celui d’origine.

 

Du côté de la Suisse, ce n’était guère mieux. Les éditions Labor et Fides n’équilibraient leurs comptes que grâce à des apports financiers significatifs de la part de fondations ou d’Universités. Tout cela pour dire qu’au tournant de l’an 2000, le secteur éditorial luthéro-réformé était en plein questionnement et qu’une recomposition allant dans le sens d’un regroupement des forces vives semblait inéluctable. Ces réflexions ont abouti en France à la fusion de toute ces entités éditoriales avec la structure qui semblait la plus dynamique à savoir : Réveil publications. L’objectif de ce regroupement était de maintenir pour le protestantisme luthéro-réformé un outil spécialisé et viable pour la presse et pour l’édition.

 

En 2003, il y a tout juste 20 ans, Réveil publications devenait donc officiellement le service d’édition de l’Église réformée de France. Pour cette nouvelle structure avec une vocation élargie, il convenait de trouver un nouveau nom. Et c’est Marc Blanzat ‒ encore lui ‒ qui a proposé le nom d’Olivétan. Comme vous savez probablement, Robert Olivétan est un théologien du 16e siècle, cousin de Jean Calvin à qui on a confié la responsabilité de traduire la Bible en français à partir des langues originales hébreu et grec. Ce nom d’Olivétan, lié à cette première traduction de la Bible en français, correspond à plusieurs objectifs :

  • d’abord celui d’ancrer cette nouvelle maison d’édition dans l’héritage de la Réforme ;
  • ensuite celui de diffuser la pensée protestante à travers principalement la page imprimée ;
  • il s’agissait de se placer dans une perspective de vulgarisation de la parole, comme l’avait fait Robert Olivetan, afin de rendre le texte accessible à tout le monde ;
  • Olivétan était un pasteur français, réfugié en Suisse, qui a travaillé à la demande des vaudois d’Italie. Les éditions Olivétan ont donc vocation à s’ouvrir à l’international, tant dans la recherche d’auteurs que dans la diffusion, en tout cas au niveau de la francophonie européenne. Cette ouverture internationale est venue s’ajouter une ouverture confessionnelle, puisqu’Olivétan a déjà publié et continue à publier un grand nombre d’ouvrages sur le dialogue œcuménique.
  • Enfin, de même que la Bible d’Olivétan a constitué un outil pour la transmission de la foi, les éditions de la maison Olivétan doivent contribuer à la formation de tous les membres de l’Église, qu’ils soient enfants ou adultes, laïcs ou pasteurs, catéchètes ou musiciens…

 

Désormais, l’Union nationale est considérée comme membre fondateur de cette nouvelle association Olivétan. Au moment où cette nouvelle structure est créé, Henri Fischer qui était jusque-là encore pasteur de paroisse à mi-temps devient à plein temps directeur des éditions Olivétan. Il consacre donc toute son énergie à développer cette activité éditoriale en créant de nouvelles collections et en recherchant de nouveaux directeurs de collection et de nouveaux auteurs, cette fois-ci au niveau national et non seulement plus uniquement au niveau régional.

 

Olivétan devient ainsi l’éditeur des conférences de Carême, qui étaient autrefois publiées par Bergers & Mages, de recueils de prédications, de textes liturgiques ou poétiques, d’ouvrages de vulgarisation théologique, d’ouvrages consacrés à l’étude de la Bible, d’ouvrages sur la spiritualité et la prière, de recueils de contes bibliques, d’ouvrages sur les questions éthiques ou sur les faits de société, tout en continuant à produire les outils nécessaires à la vie cultuelle : manuels de catéchèse, textes liturgiques, ouvrages de réflexion pastorale, partitions musicales et bien entendu recueils de chants. Henri Fischer a réussi à attirer chez Réveil publications Daniel Bourguet qui s’est révélé un auteur très prolifique avec 32 livres encore disponibles, et qui au fil du temps s’est constitué un véritable lectorat, y compris dans les milieux catholiques.

 

Le travail sur le recueil de chants Alléluia, démarré en 1993, aboutit à une première publication en 2005 destinées aux Églises de France. Il est question que les Suisses publient un recueil qui corresponde exactement à leurs attentes, en puisant dans le corpus des chants sélectionnés. Mais dès la sortie du recueil Alléluia, des paroisses de Suisse se débrouillent pour venir acheter le recueil en France. Si bien que la conférence des Églises de Suisse romande n’a guère d’autre choix que de se rallier au recueil déjà publié par Olivétan. Depuis, ce recueil est publié en coédition avec les Églises de Suisse.

 

Henri Fischer se rapproche également de deux éditeurs suisses en leur proposant d’assurer la diffusion de leurs ouvrages en France. Il s’agit d’une part des éditions Ouverture, situées près de Lausanne et d’autre part de l’OPEC qui a, comme Olivétan, la vocation de publier les outils dont les Églises de Suisse romande ont besoin pour leur travail pastoral.

De l'édition à la diffusion

Produire des livres, c’est bien, encore faut-il les vendre ! Dans le monde séculier, les éditeurs sous-traitent leur diffusion à des maisons spécialisées qui assurent pour eux le stockage, la représentation commerciale, l’expédition, la facturation et l’encaissement. L’éditeur peut ainsi se concentrer sur la recherche des auteurs, la fabrication et la promotion de ses livres. Cette chaîne du livre fonctionne relativement bien, dès lors que les ouvrages sont susceptibles d’intéresser et d’atteindre et un public suffisamment important. Olivétan est affilié au Syndicat national de l’édition et, à ce titre, reçoit les statistiques de vente des différents secteurs de l’édition. Force est de constater que si la bande dessinée, les ouvrages pour la jeunesse ou la littérature générale se portent plutôt bien, le secteur de l’édition religieuse est à la peine. Or dans ce secteur d’édition religieuse, vous avez de grosses maisons catholiques qui ont pignon sur rue et qui bénéficie de l’infrastructure de gros diffuseurs et vous avez des petites maisons comme Olivétan qui peinent à intéresser à leurs ouvrages un public plus large que les seuls protestants pratiquants. Dans le paysage éditorial français, l’édition religieuse est une niche et l’édition protestante, la niche de la niche. Si vous allez au rayon religion d’une grande FNAC, il faut vous mettre à quatre pattes, pour trouver sur la dernière étagère au ras du sol une petite dizaine de livres protestants.

 

Olivétan a tenté plusieurs expériences de diffusion : avec la Société biblique française, avec un autre groupe situé dans l’ouest de la France, avec Salvator un diffuseur catholique. Mais à chaque fois, il a bien fallu constater que notre volume de vente net était insuffisant pour justifier la remise importante accordée à ces diffuseurs. Je dis volume net car, lorsque tout se passe bien, les commerciaux arrivent à placer des ouvrages chez les libraires, mais lorsqu’au bout de trois ou quatre mois, les livres ne sont pas vendus, les libraires ont la possibilité de les retourner au diffuseur. Cela veut dire une diminution du chiffre d’affaires pour l’éditeur, des pénalités de gestion des retours de la part du diffuseur, et très souvent des ouvrages endommagés dans le transport et, de ce fait, invendables.

 

Juste avant que j’arrive comme directeur chez Olivétan en 2014, pour essayer d’enrayer un déficit d’exploitation chronique, le Conseil d’administration avait pris la décision de dénoncer le contrat avec le diffuseur Salvator et voulait essayer qu’Olivétan assure sa propre diffusion. Nous avons donc passé contrat avec CLC logistique à Montélimar qui s’occupe seulement du stockage de l’expédition des ouvrages et c’est Olivétan qui gère la relation client avec les libraires, les Églises et les particuliers. Cette opération nous a permis de regagner environ 15 % de marge qui était jusque-là laissée au diffuseur et de retrouver un certain équilibre financier. En parallèle, nous avons développé le marketing direct, notamment grâce à l’évolution de notre boutique en ligne, qui nous a permis de retrouver la marge commerciale qui nous faisait cruellement défaut.

 

En ce qui me concerne, je suis resté directeur des éditions de 2014 à 2021. Durant mon mandat, j’ai eu à cœur de poursuivre le travail de création de nouvelles collections qui avait été entrepris par Henri Fischer : une collection de dialogue entre la foi et la science, une collection destinée aux adolescents et aux jeunes, une collection plus théologique que les ouvrages de vulgarisation que nous faisions jusque-là. La notoriété des éditions Olivétan a continué à s’étoffer par un effet boule de neige. Nous recevons de plus en plus de manuscrits, notamment suite à la période du Covid où beaucoup de gens confinés en ont profité pour terminer les ouvrages qu’ils avaient laissés en plan depuis longtemps… Cet afflux incessant n’est pas de tout repos pour le directeur ou la directrice des éditions, car il faut écarter d’entrée de jeu beaucoup de textes impubliables, puis soumettre les manuscrits qu’on estime publiables au comité d’édition qui aide ensuite le directeur ou la directrice apprendre la décision finale.

 

Cette notoriété grandissante se traduit aussi par un certain nombre de partenariats que nous avons réussi à nouer : la Fédération protestante de France a publié une majorité de ses ouvrages chez Olivétan, les Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine s’adressent tout naturellement à Olivétan car la Société luthérienne n’a pas la capacité juridique de vendre ses ouvrages en dehors de l’Église. Nous avons un accord avec l’institut protestant de théologie pour la publication des recueils de conférences données par les professeurs, ou bien pour la publication de thèses de doctorat qui méritent une certaine audience. Nous travaillons avec la Cevaa, avec la Fédération de l’entraide protestante qui nous a déjà confié la publication de plusieurs ouvrages, avec la Fondation John Bost, avec la Mission évangélique tzigane. J’en oublie certainement. Je vois que Corinne Egasse la responsable actuelle des éditions poursuit dans cette voie et qu’elle commence à publier des ouvrages préparés en collaboration avec la Faculté catholique de Lyon. Je suis très heureux de constater que la crédibilité d’Olivétan en tant qu’éditeur protestant à vocation œcuménique continue à progresser.

Olivétan devient une maison de presse

Les trois journaux du sud-est ont pris au fil du temps une réelle habitude de travail en commun, non seulement les rédacteurs préparaient ensemble le contenu éditorial des journaux, mais des réunions régulières avec les présidents des trois régions et les directeurs de publication permettaient de définir les orientations stratégiques, les campagnes de communication, les actions publicitaires. À tel point qu’au bout d’un moment, tous ont commencé à trouver qu’un rapprochement institutionnel serait souhaitable. Nous avons donc ouvert un nouveau dossier juridique visant à aboutir à une fusion des associations Le Cep et Échanges avec Olivétan.

 

Jusque-là, le chiffre d’affaires d’Olivetan provenait pour trois quarts de l’édition et pour un quart du journal Réveil. Avec l’arrivée de deux nouveaux titres dans l’association, cet écart se réduisait fortement. Il a donc fallu travailler sur une réorganisation de la gouvernance de l’association Olivétan. Le modèle auquel nous avons abouti est d’avoir deux départements symétriques, un département édition et un département presse, chacun étant dirigé par un responsable d’édition et un responsable presse. La partie édition continue à relever de l’Union nationale, la partie presse relève des régions qui sont partenaires avec l’association Olivetan. De nouveaux statuts ont été déposés, des conventions de partenariat ont été signées avec chacune des trois régions concernées, ce qui a abouti à la fusion des associations en 2019. Au départ de cette nouvelle organisation, Gérard Perrier a assuré bénévolement le rôle de responsable du département presse et je tiens ici à le remercier pour son engagement et pour le dévouement dont il a fait preuve.

 

Je crois pouvoir dire que grâce à lui et à la bonne volonté de chacun, cette fusion s’est bien passée, dans le respect de l’identité et de la culture de chacun des journaux, à tel point que d’autres titres de la presse régionale protestante ont commencé à imaginer un parcours analogue en direction de l’association Olivétan. Des contacts ont été pris avec la Voix protestante qui produit trois journaux dans le nord de la France ainsi qu’avec le journal Ensemble, dans le sud-ouest. Ces discussions ont connu des avancées et des reculs, Thierry Schaaff qui était président du Conseil à cette époque peut en témoigner, mais bon, ces hésitations ne sont pas anormales quand on connaît le désir d’indépendance des protestants…

 

Je suis parti à la retraite à l’été 2021, mais le Conseil d’administration m’a demandé de poursuivre les contacts an vue de la création d’une régie publicitaire.  Elle a pour but d’une part d’assurer un revenu complémentaire pour les journaux qui continuent à perdre des abonnés malgré leurs efforts commerciaux, et aussi de contribuer au financement du poste salarié de responsable du département presse. Nous avons donc contacté l’ensemble des journaux régionaux protestants, en leur faisant une offre de collaboration, y compris les deux journaux alsaciens que sont Le Nouveau Messager et Le Ralliement, et nous avons réussi à créer au sein du département presse d’Olivétan une régie publicitaire commune à tous ces titres, ce qui représente un total de 58 000 abonnés qui nous permet de solliciter de plus gros annonceurs, d’envergure nationale.

 

Raphaël Badel a été recruté comme responsable du département presse à l’été 2022, avec un  coup de pouce financier de la Fondation FLAM. Son arrivée a renforcé le professionnalisme de ce département presse qui est devenue beaucoup plus crédible aux yeux des autres journaux régionaux protestants. De fait, les pourparlers en vue d’un rapprochement ont pu reprendre  avec d’une part la Voix Protestante Paris et d’autre part avec le journal Ensemble dans le Sud-Ouest. Il est probable que département presse d’Olivétan se retrouve d’ici quelques mois, à gérer 6 journaux régionaux, plus d’autres journaux en sous-traitance. Cela veut dire une plus grande capacité de négociation sur les prix avec les fournisseurs, et une trésorerie accrue puisque chacune des associations a apporté ses réserves financières au moment de la fusion. Cela veut dire aussi une réflexion concertée sur les évolutions de la presse dans son rapport avec le web, donc une politique commune, la possibilité de développer une plateforme web plus ambitieuse, plus riche sur le plan éditorial.

Conclusion

Je viens de vous présenter l’histoire d’Olivétan plutôt comme une success story, et en effet nous avons de nombreux motifs de satisfaction et de belles réussites à notre actif, mais nous devons rester humbles et conscients de nos fragilités.

 

Quand Antoine Nouis s’est adressé à nous pour nous proposer son commentaire du Nouveau Testament verset par verset, nous avons estimé que le risque financier était trop important pour Olivétan et que notre capacité de diffusion d’un tel ouvrage était trop limitée par rapport à la qualité de son contenu. Nous avons donc cherché un coéditeur catholique et nous avons trouvé un partenariat avec les éditions Salvator. Tous n’ont eu qu’à se féliciter du succès commercial de cette publication. Antoine Nouis, qui ne l’avait pas prévu au départ, a été stimulé pour poursuivre le commentaire de toute la Bible, verset par verset. Les deux premiers volumes sur l’Ancien Testament sont déjà disponibles. Le troisième vient juste de paraître il y a 3 jours et le quatrième et dernier est en préparation. Mais au-delà de ce succès, je déplore qu’Olivétan ait encore une capacité de promotion et de diffusion de ses ouvrages trop limitée.

En ce qui concerne les journaux, le fait d’être tous ensemble leur donne des moyens financiers pour résister plus longtemps à l’érosion du nombre d’abonnés. Mais il ne faut pas se le cacher : le chemin est difficile pour enrayer cette baisse des abonnés.

Le modèle économique de tout cet ensemble reste fragile, vous l’avez compris, mais Olivétan peut compter sur deux atouts majeurs :

  • Les responsables de nos Églises, que ce soit au niveau national ou régional, sont convaincus de la nécessité d’avoir un outil éditorial comme Olivétan pour continuer à produire les outils de formation et de pastorale dont les Églises ont besoins et pour porter une parole protestante luthéro-réformée dans la société. Ils ne ménagent pas leur peine et leur temps pour faire vivre cette structure. Je suis impressionné de voir à quel point Emmanuelle Seyboldt, la présidente du Conseil National, Sibylle Klumpp, présidente du Conseil régional en PACCA et tous les autres présidents de région s’investissent pour la réussite de cette structure Olivétan. Ils sont un peu comme nos bonnes fées…
  • Olivétan peut aussi compter sur l’apport décisif d’un grand nombre de bénévoles, dans les instances de gouvernement, dans les comités de lecture ou les comités presse, comme correcteurs ou relecteurs, dans la rédaction des chroniques locales. Vous avez ainsi des dizaines et des dizaines de personnes, toute une armée de l’ombre, qui travaille à produire des journaux et des ouvrages de qualité, avec le souci de faire ainsi rayonner l’Évangile. C’est une grande chance et une grande force.

 

Olivétan a 20 ans. Par analogie avec la vie humaine, on pourrait dire qu’il a passé l’âge de l’enfance et de l’adolescence, qu’il s’est bien développé, en taille et en expérience, et qu’il est prêt maintenant à mener sa vie d’adulte. Je lui souhaite d’être inventif, imaginatif, audacieux pour rester fidèle à sa difficile vocation d’être un éditeur protestant dans une société sécularisée.

 

Merci pour votre attention et bonne continuation dans les échanges de ce jour.

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